Le 8 mars est une date importante dans le calendrier, et pour cause : ce jour rappelle la lutte pour les droits des femmes. Souvent raccourci à la “Fête des femmes”, redonnons aujourd’hui à Olympe de Gouges ce qui appartient à Olympe de Gouges.

La misogynoir : “je suis une femme, et non blanche”
La misogynoir décrit la misogynie aggravée envers les femmes de couleur. Elles vivent une oppression qui les rende encore plus vulnérables face aux violences physiques, psychologiques et institutionnelles. Elles sont ciblées non seulement par leur sexe, mais aussi par leur origine ethnique.
Audre Lorde, la femme guerrière
Une des nombreuses femmes à avoir dénoncé cette atteinte à leurs droits, c’est Audre Lorde. Elle se décrit elle-même comme “une mère, une guerrière, une poète”. Née à Harlem, elle a milité toute sa vie pour défendre les valeurs et les droits des femmes racisées. Elle a récité un de ses poèmes, A Woman Speaks (Une Femme Parle) que vous pouvez retrouver en anglais (avec un sous-titrage français disponible), et en français. Elle décède malheureusement en 1992 après 12 ans de lutte contre le cancer du sein.

Une atteinte aux droits des femmes toujours actuelle
L’actualité dénonce aussi le sujet. De nombreuses femmes sont lynchées, harcelées sur les réseaux, par des paparazzis ou autre en raison de leur couleur de peau. Des femmes sont catégorisées à la moindre occasion, parce qu’elles ne sont pas blanches. Un exemple très actuel ? La chanteuse Aya Nakamura subit ce type de violence depuis ses débuts. Trop grande, trop ronde, trop masculine, trop vulgaire… De nombreuses critiques utilisées pour la dévaloriser, elle et sa culture, au nom de sa couleur de peau (et on vous épargne les insultes comparant la jeune femme à des animaux).

Les femmes évincées : “redonner aux femmes leur place dans notre histoire”
Si des femmes comme Aya Nakamura subissent aujourd’hui la misogynoir, elles ne sont pas les premières à avoir été victime de sexisme pour autant. Depuis des siècles, de nombreuses femmes à l’importance immense se voient être évincées de l’histoire, comme négligées. L’une d’elle a d’ailleurs son nom dans notre introduction : Olympe de Gouges.
Olympe de Gouges : une des premières révolutionnaires pour les droits des femmes
Olympe de Gouges, femme de lettre française, actrice de la Révolution française de 1789. Figure emblématique de l’histoire de la France, elle est pourtant presque évincée des livres d’histoire. Elle est à l’origine de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qu’elle écrit en 1791. Dans cette œuvre, elle prône l’égalité des sexes. Audacieuse, quand on sait qu’au 18ᵉ, les droits des femmes ne sont même pas une notion qui viendrait à l’esprit des hommes.
Malheureusement, son engagement contre l’injustice et son opposition aux dérives de la Révolution française ont un prix. En 1793, elle avance donc sur le chemin de la guillotine sur laquelle elle sera exécutée en 1793.
Olympe est une pionnière du féminisme en France, longtemps ignorée, sa contribution est aujourd’hui redécouverte. Récemment, Julie Gayet a coréalisé et interprété son rôle dans Olympe, une femme dans la Révolution. Le film retrace le parcours de cette femme exceptionnelle et met en lumière son combat pour les droits des femmes, l’égalité et la justice.

Katherine Johnson : la femme qui vérifiait les calculs
Si les noms de Neil Armstrong et Buzz Aldrin sont entrées dans l’histoire, un autre nom reste trop peu connu, pourtant, personne clé de cet exploit : Katherine Johnson.
Dès les années 1950, cette mathématicienne afro-américaine rejoint ce qui deviendra ensuite la NASA en tant que « calculatrice humaine ». À cette époque, la ségrégation fait que Katherine travaille dans un bureau réservé aux employés noirs. Malgré ces obstacles, elle va réussir à se démarquer.
Ensuite, son rôle est crucial lors du vol historique de 1962, premier Américain à orbiter autour de la Terre. Ce serait aujourd’hui surprenant, mais l’astronaute était peu confiant vis-à-vis des ordinateurs, alors il exige : « Demandez à la fille de vérifier les calculs. Si elle dit qu’ils sont bons, alors je suis prêt à partir. »
Et ça ne s’arrête pas là. Pour aller encore plus loin, Katherine joue aussi un rôle déterminant dans la mission Apollo 11, la fameuse expédition sur la Lune de 1969. Toutefois, son nom est longtemps tu auprès du grand public. Pendant des décennies, l’histoire spatiale a glorifié les ingénieurs et astronautes masculins blancs, tout en taisant les contributions des scientifiques noires.
En 2016, le film, Les Figures de l’ombre, met enfin son histoire en lumière. Trois ans plus tôt, Barack Obama lui décerne la Médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile aux États-Unis.

Les femmes qui ont persisté : “Nous devons dire aux filles que leurs voix sont importantes.
Mais être rabaissée et dénigrée, ça va bien un temps. Si beaucoup ont tenté et tentent encore de jouer aux misogynes, beaucoup de femmes, elles, ouvrent la parole et se battent pour leurs droits.
Une des plus connues et sans aucun doute Rosa Parks. En 1955, cette couturière noire refuse de céder sa place à un passager blanc dans un bus, comme l’exigeait la loi ségrégationniste de l’époque. Son arrestation déclenche le boycott des bus de Montgomery, une mobilisation massive contre la ségrégation raciale. Son geste, simple, mais puissant, marque le début d’une lutte plus large pour l’égalité aux États-Unis.
Mais Rosa Parks n’était pas seule. Avant elle, Claudette Colvin, une lycéenne de 15 ans, avait déjà refusé de céder sa place. Trop jeune, trop « rebelle », trop noire, elle est pourtant écartée du récit officiel. Encore une femme effacée de l’histoire.
En France aussi, des femmes ont persisté. Gisèle Halimi, avocate et militante féministe, a consacré sa vie à défendre les femmes victimes d’injustices, notamment en obtenant la dépénalisation de l’avortement aux côtés de Simone de Beauvoir et Simone Veil.
Le combat continue aujourd’hui avec des militantes comme Malala Yousafzai, qui, après avoir survécu à une tentative d’assassinat par les talibans, continue de défendre l’accès à l’éducation des jeunes filles dans le monde entier. Elle a reçu le prix nobel de la paix en 2014.
Toutes ces femmes ont refusé le silence. Elles ont montré que résister, c’est exister.

Nos héroïnes du quotidien : “On ne nait pas femme, on le devient”
Parler de femmes connues est un fait qui doit être mis en avant. Cependant, d’autres femmes méritent, elles aussi, tout autant de visibilité : les femmes du quotidien. Qu’elles soient seules, mère au foyer, mère salariée, auto-entrepreneure, ou même les étudiantes. Être une femme au quotidien relève d’une charge mentale qui est trop souvent minimisée.
Pendant des années, le rôle des femmes était bridé au foyer : s’occuper des enfants, de la cuisine, tenir la maison en ordre. Tout cela n’est pas négatif en soi, ce qu’il est, c’est de considérer ces tâches comme acquises, comme dues. Les femmes ne naissent pas avec un tablier, un balai et un saladier dans les mains. Chaque rôle ou travail est valable et doit être valorisé, remercié.
Cette dernière partie s’adresse à toutes les femmes, grand-mère, mère, tante, sœur, qui chaque jour font en sorte que nous nous sentions bien. Ces femmes qui leur quotidien à ce que le nôtre se déroule sans embûche.
Aujourd’hui, certaines ont la chance de pouvoir choisir. Faisons en sorte que demain, de plus en plus de femmes aient ce choix.
Une femme peut être femme au foyer, une femme peut être chercheuse à la NASA, une femme peut être poète. Une femme peut être maçonne, une femme peut être ébéniste, une femme peut être ce qu’elle veut, une femme doit pouvoir être ce qu’elle veut. La place des femmes, ce n’est pas la cuisine.
La place des femmes, c’est la place qu’elles choisissent.

Petit à petit...
Aujourd’hui, plusieurs établissements d’enseignement supérieur portent le nom de femmes illustres, un symbole fort qui rappelle que les femmes ont leur place partout, y compris dans les sphères du savoir et de la recherche.
Parmi eux :
- Lycée Olympe de Gouges (Noisy-le-Sec) – Un hommage à cette pionnière du féminisme.
- Université Paris Diderot – Campus Sophie Germain – En l’honneur de cette mathématicienne qui a bravé l’interdiction faite aux femmes d’étudier les sciences.
- Institut Marie Curie – En hommage à la première femme à avoir reçu un prix Nobel, et la seule à en avoir reçu deux dans des disciplines différentes.
- Lycée Rosa Parks (Montpellier, Nantes, etc.) – Pour se souvenir de celle qui, par un simple refus, a changé l’histoire.
Ces établissements rappellent que les femmes ont toujours été là. Qu’elles continuent d’ouvrir la voie, malgré les résistances, malgré l’oubli.
Parce que la place des femmes, ce n’est pas là où on les cantonne.
C’est là où elles choisissent d’être.
Alors, en ce mois marqué par le 8 mars, la journée de lutte pour les droits de la femme, rappelons-leur.
Merci pour ce que vous êtes, pour ce que vous faites, et n’oubliez pas qui vous pouvez être.